comme V1

Eric
21 ans, 1ère bac professionnel

Ce projet m'a permis de mettre en lumière un fait qui était ancré jusqu'alors dans l'obscurité de ma mémoire d'enfant. J'en avais simplement entendu parler sans jamais y prêter attention, n'ayant jamais connu mon arrière-grand-père paternel.
Il participa à la guerre de 1914-18, en tant qu'engagé volontaire. Il fut blessé à la jambe par un éclat d'obus allemand et handicapé à vie. A la fin de la guerre, il fut engagé pour la reconstruction de Trelou-sur-Marne, étant maçon de métier. C'est dans ce village que ma grand-mère vit le jour le premier janvier 1924.
En 1940, mon arrière-grand-père, Arthur Vrignon, demanda un emploi réservé, consécutif à sa blessure. On lui attribua un poste d'éclusier sur le canal à Cusey en Haute-Marne. Ce canal marquait une limite de contrôle stricte, car au-delà de cette «frontière», il était facile de rejoindre la Suisse. Les Allemands avaient installé des barbelés, des chevaux de frise ainsi que des postes de garde sur chaque écluse.
Mon arrière-grand-père fut amené à faire passer un certain nombre de personnes recherchées. Pendant ce temps, ma grand-mère faisait diversion en offrant à boire aux gardes de l'écluse, discutant de la victoire allemande, des fronts... Ils rencontrèrent ainsi Michel Hollart. Lors de son premier passage, il affirma qu'il était représentant en gazogène. Plus tard, en confiance totale avec ma famille, il expliqua qu'il s'était fait engager sur un chantier de VI. Il traversait régulièrement le canal pour rejoindre la Suisse. Là il livrait des renseignements aux Anglais sur les bombes volantes et sur les lieux de lancement.
Vers la fin de la guerre, Hollart fut emmené discrètement à l'écluse. Son réseau ayant été découvert, il avait été torturé par la Gestapo. Grâce à une complicité, il avait pu s'échapper. Mon arrière-grand-père le cacha et le soigna pendant trois jours. Après la guerre, le général Montgomery, en personne, remercia mon arrière-grand-père.
En 1945, ma grand-mère quitta ses parents pour aller travailler à Paris. Elle rencontra mon grand-père qui travaillait à l'usine de fabrication des grillages Evrard à Ivry-sur-Seine. Elle devint ainsi celle que je connais depuis ma naissance, Hélène Evrard, la mère de mon père.