Entre sa sixième et douzième année, mon père s'est battu pour survivre avec sa famille (ses parents et ses huit frères et surs). En effet, les Allemands ont brûlé leur maison pendant la guerre. Mon père devait, avec les siens, chercher quelque chose à manger en passant sous les bombes. Il ramenait le plus souvent des épluchures de pommes clé terre. Le soir, ils ne trouvaient pour se coucher que de simples sacs en plastique qui leur servaient de lit. Quelqu'un montait la garde au cas où il se passerait quelque chose pendant la nuit.
Mon père fut finalement obligé de partir en Eure-et-Loir. C'est le maire qui prit la décision de les envoyer là-bas. Ils prirent tous le train à la gare du Tréport et quittèrent leur ville natale sous les bombardements. Mon père tremblait clans le train avec ses frères et surs. Il se souvient des bombes qui passaient très près du train, des morts le long des routes. Une fois là-bas, mon père vécut dans une petite maison, attendant que la paix revienne.
Ma famille retourna, la guerre finie, au Tréport. Ce qui m'étonne le plus chez mon père, c'est que la guerre aurait dû le choquer, lui faire du mal. Il dit pourtant : "Tu sais, j'ai eu une vie formidable et je ne la changerais pour rien au monde".