Ma famille maternelle est originaire de la Martinique. Ma grand-mère, née en 1901 au Carhet, est l'une des survivantes de l'éruption de la Montagne Pelée qui eut lieu en 1902 et qui détruisit Saint-Pierre.
Elle est issue d'une famille très pauvre. Elle a gardé l'habitude d'utiliser tous les restes de pain rassis. Croyant bien vivre en France, elle part avec sa sur vers 1918. Elles ont un rêve commun : devenir artistes. La gloire n'est pas à la portée de tout le monde. Il lui a fallu beaucoup de courage du fait clé sa condition de femme noire.
Elles ont fait beaucoup de petits travaux, de la figuration, elles ont passé clés auditions. On les remarque et on leur propose des rôles car elles ont le même style que Joséphine Baker. Elles s'appelaient les "Lungla Sisters". Ma grand-mère s'occupait des costumes, ma grand-tante de l'argent. Toutes les deux voyaient ensemble la chorégraphie.
Bientôt l'Europe s'offre à elles : Espagne, Italie, Allemagne, Suède. Elles reçoivent même des contrats pour l'Amérique, mais ma grand-tante ayant le mal de mer, elles refusent de partir. Elles ont été célèbres seize ans. Mais ma grand-mère a décidé d'arrêter du fait de ses deux enfants.
En 1939, la guerre éclate. Mon grand-père était pilote observateur. C'est l'exil vers Tours où ma mère naît. Ils reviennent ensuite à Paris. Puis ils essaieront de rejoindre Bordeaux pour embarquer pour les Antilles. Mais l'avancée allemande les a devancés ; ils sont repartis à Paris pour y rester.
Quand je réfléchis à l'histoire de ma grand-mère, je la trouve formidable. Elle est partie à dix-sept ans et n'a été que trois ans à l'école.