D'origine algérienne, ma famille, mais surtout mon père, m'ont relaté leur vie quotidienne durant la guerre : elle reste et restera à jamais gravée dans leur cur. Mon père, âgé de 10 ans, apprenait à l'école à lire et à écrire l'arabe mais aussi le français qui était la langue officielle. En 1954, mon père devait s'occuper de sa petite sur car ma grand-mère travaillait la terre toute la journée. Mon grand-père partait pendant des semaines à Hassi-Messaoud travailler. Ma famille vivait dans un petit village, Sidi-Khelil, entre Biskra et Touggourt, en plein Sahara. Il n'était pas touché par la guerre.
Un jour, un événement bouleversa toute ma famille. Elle attendait le retour de mon grand-père. Le car dans lequel il devait arriver n'est jamais parvenu à Sidi-Khelil. Ma famille a appris qu'il a été emmené par des militaires en Kabylie. Un mois plus tard, on a annoncé la mort de mon grand-père. Il sera enterré une semaine après. C'était le jour de "El Aïd El Kébir".
Mon père, très jeune, a senti qu'il devait sauver l'honneur de sa famille. Les troupes françaises venaient beaucoup dans notre village. Les soldats fouillaient les maisons. Un jour, clés militaires entrent chez ma grand-mère qui ne comprenait pas le français. Ma tante était présente. Un militaire demande où est mon grand-père. Elles ne répondent pas. Le militaire s'énerve et commence à tout casser. Ma grand-mère comprend qu'il cherche le père de famille. Elle répond en arabe. Il ne comprend pas. Il la frappe. A ce moment-là, mon père rentre. Ma grand-mère tente de lui expliquer. Mon père se souvient qu'il a gardé la lettre de décès clé mon grand-père. Il la lui donne. Le militaire se calme, mais avant de partir, il décide de tout fouiller et détruit les réserves alimentaires de ma famille. Il giffle mon père et crache au visage de ma grand-mère.
Cette image est restée à jamais gravée dans l'esprit de ma famille.
Ma famille ressent de la haine envers les Français. Etant entre ces deux pays, j'essaie de faire comprendre à tous qu'il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Dans cette guerre, nous avons tous souffert.