comme déchirure

Julie
18 ans, 1ère année B.E.P.

Mon père, Serge, est né en 1944 à Annaba en Algérie. La guerre d'Algérie éclate alors qu'il a dix ans. Huit ans plus tard il doit quitter son pays avec un sentiment de rancœur.
Depuis des décennies, l'Algérie était le pays de ma famille. Ils y sont nés, y ont vécu et certains y sont morts, notamment mon grand-père paternel. Algériens et Français, appelés "pieds-noirs", vivaient en parfaite harmonie. Mais un jour, la différence de culture, de religion, de points de vue sur l'avenir de l'Algérie, remit tout en cause. Les Algériens commencèrent à se révolter et à demander leur indépendance.
Mon père a alors dix ans. Trop jeune pour comprendre, il côtoie toujours ses amis algériens. En 1954, la guerre éclate vraiment. Les Algériens et les pieds-noirs deviennent ennemis. Les horreurs commencent. Je ne sais ce que ma famille a éprouvé durant cette guerre. Par contre, je sais qu'il y a eu une véritable déchirure quand De Gaulle a donné l'indépendance en 1962. Ainsi ma famille a dû partir en France qui était soi-disant son pays. En France, ma grand-mère et mes tantes pleuraient. L'Algérie leur manquait. La France n'était pas leur pays. Je ne suis au courant que d'un événement qui a marqué mon père : il était avec son meilleur ami, un arabe, pendant un bombardement. Son ami a sauté sous ses yeux. Il n'avait que quatorze ans. Cela l'a vraiment choqué.
Mon père parle peu de l'Algérie mais je sais qu'il y pense. Tandis que mes tantes et mon oncle en parlent souvent pendant les dîners de famille. Ils extériorisent leur peine mais mon père, lui, se renferme sur lui-même. Je sais qu'il aime l'Algérie, qu'il n'a pas de rancune car il suit l'actualité et souhaite de tout cœur qu'elle s'en sorte. Il a promis à ma mère qu'il nous emmènerait tous là-bas, un jour.