comme Angola

Martine
20 ans, 1ère bac professionnel
Mon père

Né en 1942 au Portugal, il vécut toute son enfance dans une campagne paisible. Sa vie était dure mais "normale" pour l'époque (difficultés d'argent, travail dès l'enfance...).
En 1963, il doit effectuer son service militaire pour dix-huit mois. Celui-ci était très difficile au Portugal à cause des conditions précaires. En même temps, la guerre d'Angola commence. Les vies basculent dans le stress pour tous les Portugais. Mon père est l'un clés premiers à être appelé. Le cauchemar commence car en Angola la vie est très périlleuse.
La pauvreté est importante. Par exemple, les soldats avaient pour menu-type : une boîte de thon, une boîte de sardines, un petit pack de lait, un litre d'eau pour la journée ; rares étaient les oignons qu'on se partageait. Souvent l'eau manquait, alors, après la pluie, il buvait celle qui se trouvait dans les trous formés par les pattes des éléphants (~ 40 cm) après l'avoir filtrée à l'aide de son mouchoir et malgré l'interdiction de ses supérieurs (microbes).

Les soldats étaient considérés comme des animaux. Il n'y avait aucune hygiène. On leur a injecté une piqûre pour lutter contre les maladies et leur donner clu courage (faible drogue). Elle se faisait à la chaîne. Le soldat défilait devant les personnes suivantes : celle qui imbibait le coton de produit celle qui le passait sur le dos celle qui appliquait la seringue celle qui injectait le liquide.

Ils parcouraient environ cent mètres, la seringue sur le dos. A cause des bombardements, ils restaient des heures immobiles dans les tranchées ou sous les camions.
Un jour une balle a pénétré par le canon clu fusil de mon père (mitrailleuse brecl). Un autre jour, il a été obligé de couper le doigt d'un camarade car une grenade venait d'exploser près de sa main. Souvent il devait, ainsi que ses camarades, porter les morts sur son clos jusqu'à la rue (~1 ou 2 km). Cela a duré à peu près trois ans au lieu de dix-huit mois ; il est parti d'Angola à la fin de l'année 1966. Deux mois après, il part pour la France (emploi), où il arrive le 20 janvier 1967. Trois ans après il se marie et reste en France. Avec ma mère, il a d'abord vécu dans une caravane, installée sur les chantiers où il travaillait. Ma sœur est née et quinze mois après, c'était moi. Mon père a réussi à obtenir des papiers, difficilement car il n'avait pas d'adresse. Grâce à la famille, ma mère a trouvé une place clé gardienne. Mon père exerce toujours la profession de plâtrier. Nous allons tous les ans au Portugal où nous avons une maison. J'adore cet endroit, mais je ne pourrais pas y vivre. J'ai la nationalité française, mais je suis une étrangère en France et au Portugal.